Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand écrivait: « La monarchie des Capet finissait par une scène de château du Moyen Âge; les rois du passé avaient remonté dans leurs siècles pour mourir. » Longtemps fantasmé et imaginé, il est difficile de démêler le vrai du faux au sujet de l’enfermement de la famille royale au Temple. Et pourtant, ce drame est un bouleversement dont les échos dépassent largement les murs de la prison et dont la réalité ne peut être appréhendée qu'au sein d'un organisme plus vaste : celui de la Révolution française. Après avoir été déchu, le roi fut incarcéré avec ses proches : son épouse, la reine Marie-Antoinette, sa sœur Madame Élisabeth ainsi que sa fille, Madame Royale, et le jeune dauphin Louis-Charles, le 13 août 1792. Le Temple devint la prison royale et du même coup le témoin de la fin d'une dynastie et d'une monarchie. Derrière ces murs épais : le mystère de la souffrance des derniers jours, l'effacement silencieux et discret de ceux qui régnaient encore quelques mois auparavant sur le trône de France. Le Temple fut il simplement une prison lugubre ou un élément déterminant dans le déroulé des événements révolutionnaires? Décor ou acteur de l'histoire ? Objet de littérature ou pierre angulaire de l'architecture révolutionnaire ? Comment pouvons-nous aujourd'hui, et à partir de quelles archives, interroger le quotidien d'une prison pour comprendre l'inédit d'une Révolution ? Charles-Éloi Vial répond à toutes ces questions dans un entretien mené par Mari-Gwenn Carichon.

L'auteur : Diplômé de l’École Nationale des Chartes et de l'Université Paris-Sorbonne, Charles-Éloi Vial est conservateur à la Bibliothèque nationale de France au département des Manuscrits (XVIII-XIX ème siècle) et secrétaire général de l'Institut Napoléon. Il est spécialiste de l'histoire des monarchies européennes du début du XIXème siècle. Il s'est notamment rendu célèbre avec son ouvrage Les derniers feux de la monarchie : la cour au siècle des révolutions et sa biographie sur Marie-Louise (couronnée par le prix premier empire de la fondation Napoléon). Après avoir écrit certains ouvrages et articles de référence, et participé à de nombreux colloques et expositions, il publie aujourd'hui La famille royale au Temple, Le remords de la Révolution, aux éditions Perrin (500 pages, 25 euros).
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